Camille Rosa

Mon trait mêle corps dansants, animalité, monde inversé et théâtre. Crânes, masques, travestissements et nus se côtoient et chatoient. C’est au fond très quotidien. Très banal et sauvage à la fois. J’envisage le dessin comme une écriture profondément archaïque. Primaire. C’est un geste qui relie aux grands mythes des origines. Je le considère comme n’étant au fond pas si différent que celui de l’art pariétal .

Camille ROSA
Texte de Manon Klein

Camille Rosa a une pratique variée : dessin, sculpture, installation. Elle joue à détourner les formes, et c'est une certaine étrangeté qui s'offre au regard. L'ironie qui se dégage de l'oeuvre engendre la surprise, parfois une inquiétude légère, car elle opère un déplacement. Déplacement du sens de la reconnaissance. Comme un mot reflétant plusieurs réalités, les œuvres de l'artiste sont telles des monstres sémantiques et plastiques, joyeux et oniriques.
Texte de Camille Paulhan
Exposition Dedans mon souvenir, Hotel des Laurens, Avignon, 2015

Dedans mon souvenir coexistent des espaces de lieux autrefois différenciés et qui aujourd’hui se mêlent à la surface du ressouvenir, comme ceux avec lesquels Camille Rosa se pique de jouer. La voilà qui habille les colonnes de la galerie avec des carreaux d’Arlequin inspirés d’un costume de carnaval vénitien trouvé dans les réserves, qui semblent contaminer peu à peu la solide pierre grise. Elle propose également un mystérieux escalier de quelques marches qui, loin de faire accéder à de nouveaux espaces physiques, invite plutôt à une flânerie intellectuelle. Car elle n’oublie pas que les lieux de mémoire sont d’abord des endroits que l’on habite : dans son travail, des personnages de tous horizons viennent en effet occuper les espaces avec légèreté ou hiératisme, mais toujours avec une conscience aiguë de leur position. Ce sont les silhouettes émaciées mais sautillantes de ses pastels, sa grand-mère transformée en une énigmatique papesse Jeanne pour Sabbat Mater ou encore la forme indifférenciée de son Obtus, aux pattes graciles et au corps de cuir, privé de visage mais pas de présence, tout comme le sont souvent les souvenirs.
Texte de Camille Paulhan
Catalogue des diplômés des Beaux-Arts de Paris, 2013